Le jeu se déroulait avec une agréable légèreté, ponctué de rire provoqué aussi bien par les rares victoires, que par les nombreuses défaites. Néanmoins la victoire incontestable revenait à Idriss. Ce dernier n'avait perdu que sa veste et ses bottes, au contraire des deux musiciens tous deux en sous-vêtements. Pas de quoi être très fier, mais le vainqueur était incontestable. Loin d’être mauvais perdant, le jeune homme aurait simplement préféré que ses compagnons soient moins habillés, plus pour l’appréciation du spectacle que pour cette histoire de paris qui s'évaporait déjà de son esprit. Pour être honnête avec lui-même, Idriss et Argo étaient beaux, et il commençait lui-même à ressentir un peu le froid. Heureusement, l'alcool réchauffait suffisamment pour que cela se limite à quelques frissons inconscients.


Sans doute le propriétaire du pub eut-il de la compassion pour eux, déjà bien imbibée d'alcool et frissonnant, car il annonça : 


— Je constate que vous n'êtes pas très doués. Mais dans ma grande générosité, je vous propose d'en rester là et de passer directement au gage.


Observant, de son regard perçant la tête soutenue tranquillement sur ses mains jointes, les deux amis hilares, il conservait une expression sérieuse sur le visage. A contrario d’Argo et Orion, il semblait plus maître de la situation et moins influencé par la boisson.


— Soit vous capitulez, soit vous descendez complètement nus.


Lâchant ses cartes sur la table et glissant sa tête dans ses bras avec un faux soupir, Orion capitula sans aucune résistance. Et il ne fut pas le seul, Argo secoua la tête alors qu’il annonçait la reddition des troupes.


— OK OK, j'abandonne j'ai trop froid, alors donne ton gage.


Les doigts agiles d’Idriss manièrent les cartes avec la dextérité d’un professionnel, les mélangeant avec un certain professionnalisme. Il se tourna vers eux, un sourire perlant ses lèvres et un regard pétillant de ce qu’un Orion plus sobre aurait juré être de la malice. Le fait qu’Idriss semblait avoir un derrière la tête aurait dû l'inquiéter. Mais la beauté d’être enivré était justement qu’on ne s’inquiétait plus de ce genre de chose. Le blond avait confiance en l’homme, une confiance qui, au-delà de leurs ébats intimes, lui permettait d'accepter sans questionner, ses tours de passe passent. Enfin, la réponse à leurs interrogations tomba. C’était plus facile et innocent que ce à quoi il s’attendait. Peut-être était-il gentil, car c’était Noël ou, car Argo, étranger à leur jeu intime, était présent.


— Je veux que vous vous embrassiez. Un baiser sincère, pas quelque chose de précipité.


Derrière son bras, Orion lâcha un rire étouffé. Vraiment ? La simplicité de la requête l'amusait. Aucune réticence ne le freinait quand il s'agissait de partager ces instants d'intimité avec Argo. Ils s’embrassaient même parfois sur scène, quand l’adrénaline montait dans le cerveau du blond et qu’il sentait le besoin irrépressible de faire sortir cette énergie d'une manière ou d’une autre pour retrouver sa clarté d’esprit.


Inclinant son corps vers son camarade, il laissa sa main glisser le long du bras doré, remontant vers les épaules du bassiste. Il appuya délicatement sur la nuque, l’invitant à s’approcher de lui. Son sourire et son regard dirigé vers Argo, il glissa ses lèvres contre les siennes, simple effleurement innocent, avant d’appliquer une légère pression pour en solliciter l’accès et laissait sa langue rose et chaleureuse s'aventurer dans l’antre chaud. Orion sentit un bras s’enrouler autour de sa taille, rapprochant leurs corps que des doigts se glissaient entre ses mèches, tirant légèrement dessus. La sensation des doigts dans ses cheveux le faisait toujours fondre, le rendant plus que disposé.


Alors que le baiser persistait, doux et empreint d'une certaine chasteté, Idriss sembla exprimer un désir impérieux de rappeler leur proximité en attirant Argo à lui. Il ravit ses lèvres avec cette semi-sauvagerie qui le caractérisait si bien. Quand le regard d’Orion croisa celui de son amant, il y décela une lueur de malice et d’amusement. C’était une constante, l’homme semblait toujours maître de la situation. Le chanteur ne pouvait nier que cette dynamique l'excitait tout autant qu'il le perturbait. Pinçant sa lèvre inférieure entre ses dents, il se surprit à se demander avec franchise s’il n’éprouvait pas une pointe de jalousie. Une question restait en suspens : de qui ? 


Plutôt que de s'embourber dans des questionnements qui lui donnaient mal à la tête, il préféra contourner son attention en déposant de doux baisers sur l'épaule et le cou d'Argo. Ses doigts parcoururent le dos du dominateur, effleurant sa peau dans un geste aérien. Argo saisit les bretelles de l’homme. Approfondissant le baiser autant que cela pouvait être possible.


Alors qu’ils brisaient le baiser, Idriss prit un instant avant d’ordonner à Orion : 


— Orion, il semblerait que ton meilleur ami soit excité, tu pourrais peut-être l'aider ? Glisse ta main dans son boxer.


C’est le souffle court que le blond prit un instant pour rassembler ses idées. Un flot de questions et d'hésitations envahissait son esprit. Il n'était pas pudique, c'était indéniable, mais il n'avait jamais vraiment exploré ces territoires avec Argo. L'incertitude régnait quant à la réaction de celui-ci. Argo le mépriserait-il ? Que ferait Argo en découvrant la nature particulière de la relation qu'il entretenait avec Idriss ?


Autant de questions qui se bousculaient dans son esprit alors que son regard, empreint d'une touche d'hésitation et accompagné d'une demande timide, croisait celui d’Argo.


— Tu es d'accord ?

— Oui.


Malgré la réponse ferme, Argo se refusait à croiser le regard d'Orion, probablement plongé dans une gêne palpable. Alors que la main du blond progressait lentement vers son ventre, prête à se retirer à la moindre réticence, elle parvint finalement à franchir l'élastique sans obstacle apparent. Elle effleura d'abord, puis s'empara de manière plus assurée du membre dur et chaud qui reposait là.


L'effet produit était semblable à celui d'un ballon qui éclatait dans son estomac et dont il ignorait l'existence. Le stress persistait, imprégnant la situation d'une gravité qu'il peinait à comprendre. Tout ceci se déroulait à mille lieues de sa compréhension, sans qu'il puisse comprendre le comment ni le pourquoi de cette soudaine tournure des évènements. Le regret ne faisait pas non plus partie de ses préoccupations immédiates.


Alors que ses doigts autrefois frais entouraient le membre, Orion laissa ses yeux et remontait le long du torse doré, cherchant le regard de celui qui était le destinataire de ses attentions particulières. Un mouvement de va-et-vient rythmé, et le chanteur, sentant sa bouche s'assécher, passant sa langue sur ses lèvres pour les humidifier. Son regard, toutefois, s'échappa momentanément vers Idriss, l'instigateur ou le bienfaiteur de cette situation, selon la perspective. Il ne pouvait se permettre de méditer sur cela alors que devant lui son ami exprimait sa satisfaction en une symphonie de soupirs, tremblant délicieusement sous son emprise. Il ressentit un désir naissant, une soif insoupçonnée. Se rapprochant davantage, il captura les lèvres du batteur sur les siennes, happant ses futurs gémissements avant qu'une main indiscrète ne vienne l'interrompre. Son regard orageux pivota brusquement vers celui qui l'avait arrêté pour croiser celui d'Idriss. Celui-ci, directif comme à son habitude, écarta sa main et annonça : 


— On monte dans ma chambre.


Un frisson le parcourut à nouveau. Le propriétaire semblait entrer dans ce qu'il qualifiait, en son for intérieur, de son « mode ». Sa seconde main, celle libre, se contracta instinctivement. Un plan à trois ? L'idée qu'Idriss puisse exercer sa domination suscitait une chaleur équivoque, mais Argo était-il prêt pour cela ? Son regard s'agrandit, un éclat d'inquiétude se dessinant. Et si Argo trouvait cela dégradant ? Où qu'il trouvait que cette facette dépravée d'Orion n'était pas souhaitable pour lui ?


Il tenta en vain de retirer son poignet de sa prise, son cœur s'emballant dans un rythme effréné. Idriss ne sembla pas apprécier ses hésitations, mais ce n'était pas lui qui allait devoir jouer le rôle de soumis devant son meilleur ami ! Malgré ses réticences, il baissa le regard, renonçant à libérer son bras. Mais la panique qui le submergeait fut momentanément éclipsée par un nouveau baiser chaste d’Argo accompagné de son invitation : 


— Viens, Orion.


Il ne pouvait que céder à cet appel, semblable au chant irrésistible du chant d’une Sirène. Docilement, il se laissa guider par la main d’Argo. En pénétrant dans la chambre, ses épaules se relâchèrent et il se retrouva dans un état d'esprit plus enclin que ce qu'il avait l'habitude de faire ici. 


— Déshabillez-vous.


L'ordre fusa et sans réfléchir, ses mains se dirigèrent vers l'élastique qui glissa le long de ses hanches étroites. Il se retrouvait dans son élément ici, sachant quel rôle il devait endosser. Une main et une paire de lèvres le firent gémir, réchauffant ce qui s'était un peu refroidi précédemment tandis que la voix grave de leur hôte le prévenait. 


— Tu vas pouvoir montrer tes talents avec ta bouche. Ce soir, si tu te rebelles, je montrerais mes talents à Argo.


Il décida de se laisser aller, prêt à embrasser l'incertitude qu'il ressentirait le lendemain. Mais ce soir, il choisissait de placer sa confiance en Idriss comme lors de chaque rencontre dans cet endroit singulier. Ce soir, il comptait bien savourer chaque parcelle de plaisir qui se présenterait à lui.


— Allongez-vous et touchez-vous mutuellement.


S'approchant du lit, de nouveau pleinement confiant, il apposa sa main à plat sur le torse d'Argo, le repoussant en arrière avec une touche ludique. Une fois son ami allongé sur le matelas, il grimpa, à quatre pattes, franchissant la distance qui les séparait pour aligner leur corps, sa position dominante imposant une dynamique particulière à son compagnon. Ses lèvres effleurant successivement ses cuisses, son ventre, son torse, ses lèvres, évoluant avec une lente progression délibérée, évitant saignement de toucher son l'objet de ses désirs


Glissant une main sur le torse de l'Asiatique, il démarra une douce caresse. Le matelas se creusa à côté de lui et sa vision périphérique lui dévoila le corps musclé d'Idriss. Une vague d'envie le traversa, mais les ordres étaient clairs. Il décida d'enfoncer cette idée dans son esprit, concentrant son attention sur les désirs immédiats.


— Désolée, mais ce soir, Orion a des punitions de retard et la première arrive maintenant. 

— Une punition ?



Le propriétaire sembla l’ignorer, car il n’entendit que la chose suivante : 


— Ce soir Argo je te pénètrerais pendant que tu pénètreras Orion. 


Quand la promesse tomba, Orion sentit son cœur s'emballer, battant d'une manière effrénée. Une vague d'émotion l'envahit et incapable de comprendre si c'était dû à l'excitation que la limite soit franchit avec Argo ou, s'il appréhendait qu'Idriss s'enfonce dans son meilleur ami.. Le cœur d'Orion naviguait sur une mer agitée d'émotions. Perdu dans cette tempête intérieure, il se raccrocha à la voix dominante comme à une bouée de sauvetage pour ne pas perdre sa connexion avec l'instant présent et gâcher cette soirée.


— Orion utilise ta bouche sur notre ami et toi garde le rythme.


Glissant le long du corps, il initia d'abord de petits coups de langue sur le bas du ventre et dans le creux des cuisses, qu'il vint écarter pour mieux s'insinuer entre elles. Ses doigts se livrèrent à un jeu sensuel avec le scrotum d'Argo puis après quelques préliminaires suggestifs, il releva le regard vers l'Asiatique et entreprit un premier coup de langue, de la base au sommet. Un son, mêlant plaisir et surprise, s'échappa des lèvres de son ami, faisant naître un sourire complice sur les lèvres de l'exécutant.


Devenant imperméable aux échanges verbaux qui se déroulaient plus haut, il se concentra sur sa tâche à accomplir. Sa bouche happant le membre lourd pour l'enfoncer en lui. Son esprit, à la fois absorbé et bourdonnant, se laissa emporter par l'action pure. Ses lèvres s'affairaient à une cadence hypnotique, montant et descendant sur le membre, tandis que sa langue s'enroulait autour de lui, appuyant de manière taquine de temps en temps. Il explorait chaque nuance, chaque recoin, taquinant le frein et la fente avec une précision délibérée, capturant chaque frémissement, chaque écho de plaisir qui résonnait dans la pièce confinée.


L'une de ses mains s'était égarée, taquinant avec tendresse un téton, la volonté manifeste de procurer du plaisir à son ami s'imposant comme une évidence. Bien sûr, obéir à Idriss, telle une motivation sous-jacente qui guidait son esprit, ne le quittait pas et l'aida à ne pas se faire submerger par le surplus. C'était l'essence même de ce qu'il avait apprécié dans sa relation avec Idriss : la possibilité d'oublier tout le reste. Désormais, il se trouvait dans l'incapacité d'ignorer les gémissements envoûtants d’Argo plus haut qui susurrait son prénom dans un souffle dans un souffle éperdu ni la main qui vint de nouveau à la rencontre de ses mèches. Il se voulait directif, annonçant ses désirs. Comme à chaque fois, la sensation de la main dans ses cheveux exerça une pression subtile, le poussant à intensifier ses efforts, à rendre ses caresses plus ardentes, à pétrir avec une attention exacerbée. Si sa démarche était centrée sur le plaisir de son meilleur ami, il ne pouvait ignorer que les intentions d'Idriss semblaient prendre une tangente différente.


— Orion, viens nous rejoindre.


Relâchant le membre dans un « pop » sonore, il prit une seconde pour passer le dos de sa main sur ses lèvres, savourant le goût salé imprégnait sa langue et l'enveloppait d'une ivresse grisante


— Retourne-toi.


Obéissant à l'injonction, il pivota, montrant son dos à Argo, une teinte rosée se répandant sur son visage et sa nuque, une manifestation inhabituelle pour celui qui, d'habitude, démontrait une confiance innée dans son propre corps. Pour autant, il ne souhaitait pas mettre fin à l'expérience. Les conséquences futures de cette soirée demeuraient floues, et l'alcool ne pouvait plus servir de prétexte tant son esprit était étonnamment clair. Bien qu'il pressentait que la peur pourrait s'insinuer dans ses pensées le lendemain matin, à ce moment précis, son unique dessein était de se laisser emporter par l'instant présent.


Déjà Idriss se positionne de l’autre côté. Face à Orion, il frotta son membre contre le sien. La sensation lui fit échapper un premier soupir ardent, qui, tout en ondulant de ses hanches autant qu'il le pouvait encore, maintenait fermement sa main sur l'épaule massive du sportif. L'attente de la sensation des doigts du bassiste en lui constituait une délicieuse torture à laquelle il s'abandonnait avec une impatience maîtrisée. Cette attente fut de courte durée, car Argo enfonça deux doigts avec une délicatesse calculée, accompagnant le geste d'une morsure ludique sur son oreille. Après une brève tension, Orion intensifia ses mouvements, cherchant à éprouver une sensation de plénitude accrue. C'était comme se tenir au bord d'une falaise, se rapprochant un peu plus à chaque poussée, à chaque friction, dans une danse sensuelle au bord du précipice.


Du côté d’Idriss, le membre de celui-ci imposait le rythme à Orion. Il aida le mouvement les serrant tous deux dans sa grande main chaude, faisant gémir le chanteur. Inclinant la tête, Orion réclama les lèvres d'Argo, laissant l'une de ses mains glisser sur la joue d'Idriss. Après avoir goûté aux lèvres d'Argo, il sollicita également celles d'Idriss.


— Pénètre-le.


Alors qu'il se détachait de leur enlacement, le corps d'Orion s'inclina légèrement vers l'avant, Idriss disparaissant dans l'ombre derrière eux. Argo, de son côté, saisit son propre membre, l'approchant délicatement des fesses d'Orion comme s'il lui demandait son consentement tacite. Sans la moindre hésitation, le blond acquiesça, accueillant enfin la pénétration progressive de ce membre qui le comblait progressivement, éveillant en lui un plaisir croissant. La main ferme d'Argo sur les hanches d'Orion assurait une prise solide, permettant des mouvements de va-et-vient continus qui faisaient gémir Argo de satisfaction.


Après plusieurs mouvements de vas et-vient, le chanteur perçut un changement dans la cadence Le souffle court, le corps brûlant, il tourna la tête pour regarder par-dessus son épaule et constata qu'Argo à son tour était pris par Idriss. Hésitant entre jalousie et désir, il se redressa, autant que possible, pour réclamer les lèvres de son meilleur ami. Heureusement qu'il ignorait exactement les implications de cette nouvelle prise, sans quoi la morsure de la jalousie aurait été un peu plus vive, tout comme la culpabilité de l'avoir conduit dans ce piège délectable.


Alors que le rythme s'accélérait, Orion s'obstinait à retarder son propre plaisir. Il cherchait le plaisir de son ami, et bien qu'il sentait l'apogée approcher de plus en plus proche, il se retenait avec force. Fort probablement favorisé par sa familiarité avec cette expérience, contrairement à Argo qui découvrait ces sensations intenses pour la première fois. Enfin, Argo ne pouvant plus résister laissa échapper un gémissement au cours d'un orgasme d'une intensité inouïe. Luttant, quelque chose l'obligeant à se dépasser pour celui qui venait de le remplir de la manière la plus intense et délicieuse, Orion put, ne sentant les derniers à-coups se répandre en lui jouir et colorer les draps sous lui, son corps vibrant et frissonnant en réaction. S'effondrant en avant, ses bras ayant cédé sous lui.


Son regard glissa sur le duo le surplombant alors qu'il récupérait son souffle et le contrôle de son corps. Les dents de son meilleur ami rencontrèrent son épaule, lui provoquant un léger gémissement qui s'entrelaçait avec sa fatigue. Au-dessus, Idriss sembla atteindre l'apogée au plus profond d'Argo, émettant des gémissements tandis que l’Asiatique résonnait en écho, les deux corps suspendus au-dessus du blond s'immobilisant progressivement. Finalement, le dominateur vola un baiser à chacun d’entre eux.


Le bruit sec d’une claque contre la chair humide retentit, suivi d'une phrase prononcée avec une joie démesurée pour l'acte qui venait de se dérouler :


— Joyeux Noël !